Roland De Grischastel

On connaît peu de choses sur ce chevalier masqué mais quelques rares personnes, natifs du territoire  où il a vu le jour, pourront déjà vous en dire un peu plus. Fils du seigneur local, il n'était pas destiné à hériter des terres et du titre. Second fils, il faisait office de plan B au cas où son frère ainé venait à disparaitre. Il avait une soeur, une jumelle, qui était la seconde moitiée de son âme et il passait l'essentiel de ses journées avec elle lorsqu'il était enfant. Ils formaient une paire de bambins inséparables et ils pensaient tous les deux naïvement que personne ne viendrait à les séparer. L'adolescence et le passage à l'âge d'homme fut source de nombreux changements. Il était désormais prêt à devenir chevalier et à se lancer sur les routes pour gagner en expérience et sa chère sœur, quant à elle, était devenue une splendide jeune femme qui attendait avec lassitude d'être mariée au fils d'un seigneur voisin. Pour oublier cette perspective à venir, elle écoutait les récits d'aventure de son jumeau avec beaucoup d'attention. Puis le temps arriva où elle s'en alla avec son nouvel époux, laissant son jumeau dans une immense solitude qu'il ne parvenait à combler qu'en se lançant dans les bois, sur son cheval, en quête d'aventures et de défis. Il savait qu'un jour, ce serait son tour. Lui aussi allait devoir se marier, afin de consolider les liens entre seigneuries qui étaient jadis rivales. Mais le jour des épousailles n'arriva jamais. Son père préféra se lancer dans un conflit impliquant des territoires qu'il voulait prendre à un autre domaine. Il y envoya tout naturellement ses deux fils, afin que ces derniers commandent leurs maigres troupes pour lancer un assaut contre une forteresse. Par ruse et malice, ils parvinrent sans mal à y pénétrer et à percer ses défenses. Victorieux, ils revinrent chez eux, fiers et vaillants, n'imaginant pas que le seigneur vaincu n'en resterait pas la. Ce dernier mobilisa des troupes bien plus importantes et, en une nuit, il transforma le domaine familial des Grischastel en charnier et en brasier. Le jeune chevalier, pris par surprise comme tous les siens, sans armure, seulement armé de sa propre épée, tenta tant bien que mal de défendre sa famille et les terres de son père, mais un combattant, plus ancien, plus expérimenté, le jeta à terre d'un coup d'épée qui lui ouvrit la poitrine, avant de lui asséner un coup d'épée en pleine tête, dans l'optique de l'achever. Dans un dernier geste, Roland esquiva, mais sentit néanmoins la lame de l'épée taillader son visage, percer son oeil. Il sombra, en proie à la douleur, pensant ne plus se réveiller.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, c'était dans une fosse, en compagnie des nombreuses autres victimes de l'assaut. On l'y avait jeté là, en attendant de réunir le reste des corps pour les enterrer la, sous la muraille sud. Affaibli, exsangue, il parvint à se traîner misérablement en dehors de la fosse et se glissa dans un buisson, attendant de reprendre quelques forces. Le flot de sang s'était tari, mais la douleur et la faiblesse était toujours présente. Puisant dans ses dernières forces, il parvint à se lever et à s'éloigner du champs de bataille, cherchant un abri, qu'il trouva après plusieurs heures d'une longue et laborieuse marche, chez un fermier qui fut d'abord effrayé par son aspect. Ce dernier prit soin de lui, parvenant tant bien que mal à soigner ses plaies. Il ne reconnu pas en ce jeune homme défiguré celui qui était le fils de son seigneur. Après plusieurs mois de convalescence, Roland reparti, a bord d'une charette en direction de la ville. Là bas, il se fit d'abord embaucher comme palefrenier puis comme écuyer afin de gagner de quoi se payer une armure et un cheval. Cela fut une période difficile, car peu de personnes ne souhaitaient l'approcher, prétextant sa laideur digne des plus terribles démons. Après plusieurs années de travail, il y parvint enfin. Il partit sur les routes, prenant la direction de la seigneurie où habitait sa soeur. Cette dernière, en le voyant, ne le reconnu pas. Pire, elle le chassa, clamant qu'elle ne voudrait pas d'un chevalier qui ferait peur à ses enfants, même s'il avait eu ses blessures à la guerre. Roland repartit enfin, se jurant de ne laisser personne voir ce visage si craint et si terrible. Il porta donc un masque en métal, et, laissant de côté tout son passé, son héritage et ses racines, il errait sur les routes, prenant toutes les quêtes qu'on pouvait lui offrir, gagnant en expérience et devenant enfin un chevalier reconnu et respecté.