La famille –
Il y avait cent ans, Brevery faisait partie de Degron.
Il y avait cent ans, la famille Wraebraven était celle d’un Banneret au service du Baron de Daeron.
Quand la comtesse de la famille d’Arc disparue dans une attaque de Corruption aux frontières du Domaine, la terre se retrouva sans dirigeant. La Dame avait hérité de son titre faute de tout autre descendant masculin dans sa famille proche, la succession s’annonçait peu claire. Elle fut effectivement longue et procédurière, avec une analyse approfondie de la généalogie, demandant même l’intervention du Gouverneur.
Il y avait moins de cent ans, la famille de Wraebraven était devenue la nouvelle famille Comtale de Brevery. Ne pouvant toutefois pas renier son allégeance à Cleyf, elle créa une période de trouble entre les deux Duchés alliés, qui se termina avec une nouvelle intervention de l’autorité du Gouverneur.
Le père –
Karsten de Wraebraven, était plus un commandant qu’un administrateur, il était ce que Brevery avait besoin qu’il soit au moment de s’agrandir et prospérer.
Marié sur le tard, pour une alliance politique poussée par le son propre père, Karsen n’avait ni été un époux, ni un père modèle, abusant des regards détournés du clergé sur certaines meurs des hommes mariés.
Rien ne paraissait pouvoir l’abattre, lui, son esprit buté, et sa brutalité parfois mal maîtrisée.
Rien ne paraissait pourvoir l’abattre… jusqu’à qu’une traque d’hérétique tourne mal le remanant brutalement à une humilité qu'il n'avait jamais eu la nécéssité de connaître.
Après cela, tout avait changé, la faiblesse, le doute, la lassitude, le dégout… de lui-même, de tout ce qui lui rappelle son ancienne vie, cette existence d’action et respect à jamais révolue.
La fratrie –
Avant même d’épouser Petrea de Grivont, la mère de Magdalena, Karsten avait deux enfants naturels, un garçon, Jens et une fille, Tullia. C’était un amour de jeunesse, la fille d’une bourgmestre d’une des plus grandes villes du Comté et qui trouvait bien son compte dans cette inclinaison. Du vivant de de son père, il n’avait jamais eu l’audace de les faire venir dans le chef-lieu.
Le mariage mit un peu de temps à porter ses fruits dont le premier fut pourri, une fille faible qui ne survécu pas plus de quelques jours, faisant bruisser de on-dit et d’inquiétude les élite du comté. En effet, le père de Karsten était alors au plus mal, touché par la Corruption lors d’un déplacement.
Magdalena ne vint que quelques années plus tard. La naissance de cette jolie fillette en santé fut vite éclipsée par celle d’un garçon, Tyres, elle avait deux ans. Elle fit même partiellement oublier, la venue au monde, entre deux, d’une petite bâtarde, Astrid, fille d’une dame de compagnie de la désormais comtesse Petrea qui eut la grâce de ne pas survivre à la naissance.
L’épouse du Comte étant resté affaiblit, aucun autre enfant légitime ne vint pendant les années suivantes. Cela ne voulait nullement dire que Karsten n’engendra aucune nouvelle descendance. Vers les huit ans de Magna, un garçon, fils naturel, rejoint la fratrie, Ored dont la mère eut également le bon gout de ne pas survivre longtemps.
Cette brève série de morts en couche s'acheva avec Petrea elle-même qui, quand son aînée avait douze ans, succomba à son tour à la mise au monde d’une fille Pernilla. Elle fut la dernière enfant à qui survécu à la petite enfance.
Pendant un temps, il y eu une fratrie réunie à Brevery. Un ribanbelle de frères et soeurs aux relations complexes, rendue encore plus difficile à mesure qu’ils approcheraient de l’âge adulte.
La déception –
La goutte de fluide carmin tomba sur la surface lisse et sombre. Durant un instant, où tous retinrent leur souffle, rien se produisit, rien ne devait se produire, ce n’était jamais si rapide. Il finirait bien par se produire quelque chose, il se prduisait très souvent quelque chose.
Rien, il n’y avait rien. La goutte de sang du petit frère de Magna, seul garçon légitime, refusait insolemment de se mêler à la Corruption, restant bien ronde.
Karsten se leva brusquement, retenant assurément une colère tempétueuse. L’homme regarda avec une longue intensité rageuse le milicien et le prêtre qui venait de réaliser la cérémonie du mélange sur son unique héritier. Le soldat du Culte dû sentir la tension et la sensation, car sa main glissa vers son arme.
Tous, ils avaient tous été faibles face à la vase sombre et lui, le fils prodigue, il refusait de céder. La fierté d’avoir engendré un veilleur ? Foutaise.
L’envie de leur jeter le contenu de ce foutu bocal de fléau sur leur trogne le tenait comme les crocs d’un limier le cou de sa proie.
Le comte regarda l'aînée de ses enfants légitimes, Magna. La déception qu’elle vit dans ses yeux, la heurta telle une gifle. Du haut de sa petite dizaine d’années, elle avait déjà vu son père déçu, mais jamais teinté de ce regret aigre, de cette inimitié colérique.
Dans une inspiration insolente, elle ne baissa pas la tête, la levant bien haut.
Tout changea après le départ de Tyres. Le comte de Wraebraven, commença à traiter ses fils naturels de la même manière que ses filles légitimes, à la grande révolte de la comtesse et de la comtesse Douairière.
Les débuts –
L’été 1388 avait été terriblement chaud à Brevery et un groupuscule particulièrement énervé du Souffle Primal sévissait au frontière de la partie du Comté faisant parti des nouveaux domaines.
Ils avaient déjà corrompu une dizaine de points d’eau. Ils avaient été repérés à temps, mais des dizaines d’innocents et de tête de bétail avaient dû être sacrifiés pour le bien commun.
Excédé, le comte les avait pris lui-même en chasse. Les chiens s’étaient repliés dans la forêt profonde, le refuge de la Nature primordiale souillé par ces impies. Il fallu des jours pour l'ateindre, pour commencer à réellement filer leurs traces, des fantômes de piste, des bruits lointains avaient épuisé les hommes. L’attaque avait eu lieu aux premières lueurs du jour, sournoise. Le sursaut de hargne d’une bête acculée.
Les cultistes étaient tombés sur le comte et ses hommes alors qu’ils se savaient en sous nombre. La brève escarmouche fut d’une violence sans bornes. Le Sieur de Wraebraven se retrouvant avec une sévère et profonde estafilade à l’une de ses jambes.
À son retour dans la ville de Brevery, le longueur du volayge, la chaleur, les soins tout juste sommaires avaient provoqué une terrible fièvre au Comte, faisant planer le doute sur sa survie. Les lésions avaient commencé à se gâter. Les clercs du temple étaient restés des jours durant pour faire reculer le mal. Ils avaient même sauvé la jambe, mais pour la laisser mutiler, elle laisserait le comte incapable de marcher correctement, encore moins de se battre et de monter.
Le sentiment de faiblesse et d'inutilité avec térasser l'esprit du Karsten. C’était là qu’avait commencé la bataille pour la réelle succession, dans la longue période d’apathie du Comte qui laisse Brevery sans dirigeant.
Rendu téméraire par les privilèges dont l’avait toujours gratifié leur père, Jens, supporter par le parti de sa mère, se mit à se comporter comme un régent et le futur Comte. Ceci était contré tant que possible par Magdalena, supportée par sa grand-mère, la comtesse douairière et ses partisans.
C’était une bataille de tous les instants que le jeune âge de l’héritière ne rendait pas plus aisé, du haut de ses dix-sept ans, elle engendrait plus de doutes que son demi-frère qui en avait presque vingt-cinq. Un affrontement ou tous les coups étaient permis.
Intimidation, dénigrement, négociation, mais sans jamais enfreindre la ligne d’utiliser la faiblesse de leur père pour prendre l’avantage. Il était évident que cette délicatesse n’allait pas durer bien éternellement.
Cela avait commencé par des présences quand il n’aurait pas dû, à des conseils auxquels il n’avait été invité ni par Magna ni sa grand-mère. Des prises de parole, surtout des avis en public, que ce soient des sujets futiles ou importants. Il y avait également la prise de contact avec certaines personnalités de la ville et du Comté.
Une comédie agaçante, mais qui faisait partie du jeu de leur caste.
C’était un jour d’hiver, du cœur de l’hiver, dehors, il gelait à pierre-fendre, mais dans la chambre de Karsten de Wraebraven le feu, soigneusement entretenu, rendait la pièce agréablement chaude. L’après-midi touchait précipitamment à sa fin et Magna avait profité d’un moment de calme pour venir faire la lecture à son convalescent et apathique paternel. Ce n’était nullement une marque d’affection, la jeune fille et son géniteur avaient des rapports au mieux distants, au pire tendus. Toutefois, cela faisait une impression favorable à la cour et au peuple et passablement suer ses adversaires.
Effet secondaire fort appréciable de ces petites pertes de temps était le fait que cela diminuait considérablement le temps pendant lequel ses opposants pouvaient avoir accès à l’absent Comte.
L’impromptu de sa séance de lecture avait vraisemblablement créer un désordre dans l’organisation léchée de ses adversaires, car un sous-fifre qu’elle reconnut instantanément comme le secrétaire du Grand-père de Jens se présenta. Sous son bras se trouvait une pile de document trop imposante pour être honnête. L’homme avait un peu blêmi en apercevant l’héritière et s’était instantanément recomposé, arguant qu’il reviendrait plus tard.
Rien dans cette visite ne sentait l’événement anodin, la tâche routinière.
« -
Restez, voyons, pourquoi ma présence vous empêcherait-elle de quoi que ce soit ? Elle pourrait même vous être utile. »
L’air innocent tout à fait factice de la jeune fille ne dupait aucun d’eux. En s’exprimant, elle s’était retournée vers son père qui regardait d’un air absent par la fenêtre. Il n’était pas toujours ainsi, parfois plus présent, mais toujours trop fatigué, trop instable pour prendre les décisions rationnelles de son rôle. Toutefois, sa signature avait encore un poids qu’il ne fallait nullement négliger.
« -
C’est très aimable de votre part, Dame Magdalena, mais loin de moi l’idée de vous déranger. Tenta de s’échapper de nouveau l’homme.
-
Très bien, dans ce cas, vous pouvez me laisser vos documents, je les soumettrais au comte dès qu’il sera un peu plus disposé. »
Une ombre d’agacement était passé sur le visage du secrétaire qui allait objecter une nouvelle fois.
« -
Laissez vos documents maîtres, ce sera plus commode pour vous pour repartir en plus. »
La voix qui s’était élevée d’un coin de la pièce était celle de Gaven, homme de confiance et protecteur de la comtesse douairière. Un chevalier au physique aussi imposant que la menace de son aura, ce même s’il grisonnait assez sérieusement.
Avec seulement l’héritière, il aurait pu s’en sortir, après tout ce n’était qu’une gamine, mais l’autre, c'était un vrai problème pour l’intrus. Jugeant la situation un instant alors que l’homme d’arme se levait, il en détermina que l’approche qui lui vaudrait le moins de maux physique serait d’effectivement laisser ces foutus parchemins et aller prévenir son maître. Il tendit donc de mauvaise grâce son porte-document.
L’insolente le prit avec un remerciement qui leur fût tous les deux désagréables.
En sortant, il ne vit pas le regard de connivence que Gaven et l’héritière échangèrent. Il devait absolument être retardé.
À la lueur des chandelles, le visage flétri de Saini de Waerbraven, Comtesse douairière, mère de Karsten de Waerbraven, semblait encore plus antique, presque inquiétant. Ses yeux légèrement voilés avaient cet air de ceux qui avaient tout vu.
« -
Astrid n’est qu’un début. »
La lucidité de sa descendante inspira de la fierté à la vieille femme. Cependant, son air désabusé et la colère intériorisée qu’elle sentait dans sa voix lui fendait le cœur. Elle aurait préféré une vie plus paisible pour cette jeune fille maligne. Peut-être même une vie plus brillante, elle aurait peut-être pu s’élever, comme elle-même s’était élevée, devenir Duchesse. Loin de dénigrer leur situation, Saini éprouvait un sentiment de frustration triste de voir tout ce potentiel gâché dans une lutte indigne.
Dans l’amas de papier cédé par le secrétaire, perdu au milieu de document d’une assommante banalité, s’en dissimulait un qui avait le même air d’innocence que les autres. C’était, en réalité, une attaque d’une perfidie consommée. Une proposition de mariage pour leur sœur naturelle, une proposition indécemment désavantageuse à l’autre bout de l’enclave.
C’était d’autant plus bas qu’Astrid n’avait jamais causé aucun trouble, n’avait jamais ouvertement pris parti. Son seul tort était d’être proche de Magna.
Ils voulaient isoler l’héritière pour l’affaiblir. Elle avait raison, Astrid ne serait qu’un début, ils éloigneraient tous ses soutiens un par un. Puis régner par procuration jusqu’à ce que sa période de mise à l’épreuve arrive et l’évincer officiellement. Ils auraient tout le temps de trouver comment faire oublier la bâtardise de leur champion pendant ce temps.
Il y eut un climat étrange pendant quelques semaines à Bevrey, qui coïncida de manière très opportune avec un mieux dans l’humeur fluctuante du Comte.
Puis un matin, Magdalena se présenta, accompagnée de Gaven et d’un autre homme d’une allure tout aussi avenante, dans la salle d’arme où Jens s’entrainait. Le maître d’arme ne fit pas long feu, sentant un affrontement dont il ne valait mieux pas être témoins, laissant les deux fortes têtes de la fratrie seuls. Ainsi, ils se toisèrent un instant pendant avant que Magna ne prenne la parole avec une neutralité et une affabilité joliment calculée.
« -
Il me semblait courtois de t’apporter moi-même la nouvelle. »
Elle lui tendit un parchemin scellé par cachet de cire aux armoiries familiales. Méfiant, Jens pris le papier, brisa le sceau et lu en diagonale, son expression se faisant plus confuse et colérique à la mesure qu’il prenait connaissance du contenu.
« -
Blesein ? Aux confins des nouveaux domaines de l’autre côté de l’enclave ? Il fermera rageusement la missive en la froissant légèrement.
Père n’aurait jamais accepté cela.-
Il y a sa signature. Rétorqua l’héritière, sachant très bien que c’était elle-même qui avait apposé la signature de leur paternel en bas de page.
-
Dans certains états, on pourrait lui faire signer n’importe quoi, même l’abdication de son propre titre. Cracha Jens en contenant la colère qui montait.
-
Vous en savez quelque chose. »
Il aurait bien effacé son petit air d’honneur bafoué de sa face de petite peste avec un soufflet, toutefois la présence des deux hommes d’arme l’en dissuada. Au lieu de cela, il eut un rictus méprisant, faussement amusé.
« -
Ce n’est que cela ? Astrid n’aurait pas été malheureuse loin d’ici. »
À quoi servait-il de mentir, de se draper d’une vertu qu’aucun d’eux n’avait ?
Magna eu un sourire d’un charme venimeux et il eut un mauvais pressentiment, celui de l’avoir sous-estimée, ou plutôt sous-estimer les conseils et l’influence de la comtesse douairière.
« -
Et Tullia ne sera pas malheureuse auprès d’un banneret d’Asjir. Répliqua la jeune fille avec un aplomb froid, elle ne s’arrêta pas là.
Tout comme ta chère mère ne sera pas malheureuse à être la marâtre qu’elle est pour les enfants d’un bâtisseur de Gajor. Ton grand-père aura désormais tout le temps de se consacrer à son premier amour, le commerce, maintenant qu’il sera démis de sa charge. Ce n’est pas bon de travailler autant à son âge. »
La surprise fut relative au vu de l’échange qu’ils avaient, mais suffit à le faire sortir de ses gonds. La gifle partie avec toute la force de son bras et fit vaciller l’héritière. Gaven exécuta la réprimande promptement, il lui saisit le bras, le tordant dans un angle douloureux, jusqu’à ce qu’il y eût un craquement éloquent dans son poignet.
Une plainte échappa au jeune homme avant qu’il ne souffle, retenant les élans douloureux dans sa voix.
« -
Si ce n’est pas moi, ce sera Ored qu’ils te préfèreront. Peu importe à quel point tu essayeras. »
Le contrôle –
L’apathie de Karsten fluctua, incapacitante, pendant un lustre. Un temps durant lequel Magdalena avait pris ses marques, consolidé son emprise sur la cour de Brevery, à coups de fausse distinction, de départ savamment orchestré et la promotion de proches ou de partisans.
Un changement subtil dont le comte n'avait pas réellement eu conscience, pris dans son tourment et des œillères mises par tout ce monde qui avait entretenu la mascarade de son pouvoir qui lui échappait en réalité.
Le retour fut accueilli avec une distance qui aurait pu être prise pour de la déférence avec l’omniprésence de l’héritière.
Plus les semaines et les mois passaient, plus le comte réalisait la supercherie, mettant à mal sa fierté. Cinq années et le soutient et les enseignements d’une dirigeante habile avaient fait d’une jeune fille qu’il avait jugé à peine sortie de l’enfance une femme de pouvoir suffisamment habile pour parfois lui faire douter. La révélation s'était faite quand il avait appris les circonstances du départ de Jens pour l’autre bout d’Auven.
Dans un autre contexte, il aurait pu être fier, mais il avait seulement le sentiment amer de s’être fait dérober ce qui lui revenait de droit.
Il avait fait convoquer l’intrigante, un après-midi, pour lui annoncer qu’elle partirait pour Cleyf pour veiller à leur intérêt auprès du Duc. Elle avait tenté d’argumenter, sans succès, sachant très bien elle-même qu’elle n’avait eu aucune chance de faire fléchir son paternel.
Quand elle était sortie digne malgré l’affront, Karsten c’était préparé à une résistance qui ne vint pas. Sa fille avait docilement fait ses malles et organiser son départ. Il n’était pas revenu sur sa décision, ce malgré les nombreuses petite pique de désaccord dont sa vieille mère lui avait rebattu les oreilles. Ces terres et cette cour étaient les siennes et il allait les récupérer.
Pourtant, même partie, ce ne fut pas plus aisé. En si peu de temps, elle avait complètement renouvelé les notables de l’administration, les personnes d’influence avaient inévitablement changé eux aussi. Puis, on le regardait avec la méfiance due à ses années d’égarement, d’abattement dont lui-même n’était même pas sûre qu’elles étaient derrière lui. Tout ce climat faisait remonter l’apathie de l’inutilité, et il avait l’impression de sa jambe mutilée le faisait sensiblement plus souffrir.
Jusqu’à ce qu’il tombe subitement malade, une fièvre fulgurante, intense. L’état de santé alors préoccupant du comte avait imposé le retour de son héritière à son chevet et insinué un doute, un affreux doute, un odieux doute dans l’esprit de l’homme, un doute qui ne l’avait plus quitté, qui s’était ajouté aux autres.
Même remis, il avait rendu les armes.
Le statu quo –
Si Karsten de Wraebraven est toujours de ce monde, n’a techniquement pas abdiqué, il n’est presque plus à Brevery. Il est le plus clair de son temps reclus dans un domaine choisi avec soin par sa fille, dans les plaines et entouré d’homme de confiance de cette dernière.
Dans les faits, c’est Magdalena qui gouverne, elle le fait juste abusivement en son nom.
Le Sieur ne comprend pas bien pourquoi sa fille entretient ce jeu de dupe les astreignant tous deux à une comédie dont personne d’autre qu’elle, ne connaît la cause. Au début, il avait compris, cru comprendre. Il était bon pion, un régent résigné pour ses absences et à travers l’autorité qu’il lui conférait sans y consentir, elle bénéficiait de toute l’étendue de l’aura de ses gloires et de son respect passé.
Cela, c’était vrai au début quand elle avait eu besoin de faire sa place, mais maintenant, pourquoi le garder. La question se posait, elle le tourmentait même quelques nuits. Des administrateurs dociles, elle pourrait en trouver d’autre, plus zélé que lui, alors pourquoi le garder ? Pour quel plan rotor ? Et si elle ne s’était pas encore rendue compte de son inutilité ? Si elle lui venait à l’esprit ?
Loin des paranoïas de son paternel, la motivation de Magna est assez simple. Elle veut profiter du supplément de crédit que les hommes accordent aux femmes quand ils pensent qu’elles régurgitent idiotement les propos et appliquent les plans de leurs pairs.