Mettons nous au défi !

"Mais aujourd’hui, le vilain a dérogé à la règle et s'est faufilé vers un comptoir qu'il ne connaissait pas jusqu'alors. Il a gueulé, il a bu et une fois la peau du ventre bien tendue, il s'est entiché d'une fille de joie, puis d'une seconde qu'il ne connaissait guère non plus. [...]

Passé un très bref instant de réflexion, alcool oblige, Honoré est redescendu sur les fesses marche par marche, maugréant à chaque fois que l'une des dites-marches lui a botté le cul avec sévérité, le ramenant à sa triste réalité. Une fois arrivé en bas, il s'est enfilé quelques godets supplémentaires et s'est lancé à l'extérieur. Le froid, la nuit, ont happé ses pensées. Par instinct quelconque et insoupçonné il s'est mis en marche, s'est refusé à se laisser choir dans un coin d'rue. Titubant, tout lui semblait flou, tout lui semblait tangible alors qu’il était le seul tangible de l’histoire. Ne sachant plus qui il était, ne sachant plus où il vivait, il s’est dirigé d’instinct vers la maison de l’Alchimiste."


"Le garde se relève et déambulant, titubant, au sein de la pièce principale, s'écroule sur un fauteuil non loin.

Ses yeux se ferment, mi-clos. Dans son coin, le grand bonhomme marmonne, peste, fustige envers la terre entière jusque à enfin trouver un sommeil agité. L'inconnu, lui, n'a ni la force, ni le courage de bouger le jeune garde endormi. Alors, il éteint lanterne et bougies et doucement, se faufile dans sa propre chambre prenant soin néanmoins de verrouiller derrière lui pour éviter de se retrouver avec le grand gaillard ivre dans son lit au petit matin."

"Allongé sur la vieille assise du fauteuil, Honoré se tourne d’un quart et manque de tomber. Il se rattrape de justesse en ouvrant grand ses yeux. Les souvenirs de la veille sont inexistants. Impossible pour lui de remettre le doigt sur ce qu’il s’est passé et de ses yeux mordorés, le garde observe les alentours. Son sang pulse fort dans ses veines et son cœur s’agite douloureusement au sein de son thorax. Sa tête lui fait mal mais à la hâte, le grand gaillard se redresse. Il tâtonne ses vêtements, s’assure de toujours être vêtu. La tête lui tourne aussitôt et il se rassoit bien sagement, observant les alentours de ses yeux plissés face à la lumière du jour. Gueule de bois à n'en pas douter, autour de lui l’atmosphère lui est néanmoins étrangement familière. Il se tient légèrement sur la défensive, le temps de remettre les environs dans leur contexte, le temps de savoir où il se trouve exactement. Se sentant jocrisse, il gratte légèrement embêté l’arrière de son crâne. Son regard passe en revue la multitude de brimborions, babioles qui trainent sur le dessus des étagères poussiéreuses. Assis, il pandicule légèrement. Un bâillement franchit le seuil de ses lèvres alors que son dos se fait douloureux. Avec prudence, Honoré se relève et observe la place sur laquelle il s’est tenu de longues heures durant, surpris d’être parvenu à se caler sur une si petite surface.

« Ah, l’argousin garde, milicien ou que sais-je d'nuit est bien réveillé ? ? »

Honoré sursaute, cherche le pommeau de son épée du bout des doigts et se tourne vers la voix qui l'a interpellé sans prévenir. Aussitôt, son souvenir happe ses pensées. Le Veillard et lui s’étaient vus il y’a quelques jours à peine de cela, une dizaine, peut-être une quinzaine tout au plus. Honoré avait sollicité son aide. Il s’était un peu livré mais avait bien rapidement tourné les talons, l’exercice étant bien trop difficile pour lui. Vraisemblablement, visiblement, l’alcool lui a donné du courage et la veille, par instinct quelconque, il s’est rendu à nouveau chez le vieil Alchimiste. Le hic, c’est que Honoré n’a aucun souvenir de la dite soirée et il se tient tout penaud, ne sachant trop quoi faire et comment agir. Intérieurement il espère que son comportement a été correct mais sa main douloureuse le fait sévèrement douter."

"L'idée qu'il n'ai plus aucun souvenir de la veille a déjà quitté son esprit et pensant avoir bien agit face à la confiance dont lui témoigne le vieillard, Honoré se met en marche. Les odeurs viennent enivrer ses sens et se laissant porter, il hume ici et là quelques feuillages. "

"Cette nouvelle activité semble lui plaire, lui qui se sentait béjaune semble exceller désormais dans l'art de couper les plantes. Au contact de la nature, le gaillard s'apaise.

Liraël ne pouvait pas déverser sa rage impunément sur ce navire. Un argousin un peu trop zélé aurait vu naître dans son esprit l’idée de la mettre aux fers.

Si dans la hâte et la précipitation, l’emplumée n’eut que peu de temps pour se préparer à cette nouvelle vie, elle portait toujours sa bourse — qui ne serait jamais assez remplie — et un petit sac comportant quelques brimborions. Ces derniers furent une simple petite figurine en bois taillée représentant un aigle, une paire de couverts qui avaient — visiblement — servi pendant trop de temps ainsi qu’un morceau de savon qui se réduisait à peau de chagrin depuis le début de sa traversée.

Quelle ne fut pas la joie pour la jeune femme de poser à nouveau pied à terre, sachant qu’à présent, son périple prit fin. Un nouveau monde s’offrait à elle. Revêtant son armure légère en cuir, elle déposa sur les pavés du port son baluchon avant de pandiculer, exhibant sans la moindre gêne aux différents passants un comportement bien peu raffiné, qui témoignait de la difficulté de son long périple.