Aedhan le Veilleur Rouge

Aedhan est né... enfin peut-être. Personne ne peut en attester.

En tout cas, ce dont on peut être certain, c'est qu'il a été trouvé sur le bord de la route par le Baillis Horace qui venait faire une visite à Hugren depuis sa Tanière à Degron. C'était le jour du sacrifice 1374 et l'homme entendit un hurlement de bête à l'agonie. Il posa pied à terre pour aller achever le pauvre animal, mais surprise ! Ce n'était pas un animal mais un nourrisson affamé, faible et déshydraté qui hurlait sa détresse à s'en érailler les cordes vocales. Horace le ramena donc à Hugren où il fut soigner et survécu contre toute attente pour être finalement pris en charge par la communauté religieuse, présenté à Huvara sous le nom d'Aedhan.

Le garçon vécu dans l'ombre des temples et des tanières toute son enfance. Rigidité et austérité étaient les maîtres mots et les rares enfant aussi jeunes que lui se moquaient de la teinte rouge de sa chevelure. Assez solitaire, la figure absente d'Horace lui tenait lieu de vague père. le résultat de sa cérémonie du mélange n'arrangea pas vraiment les choses. Il aurait pu avoir le choix, être placé en apprentissage hors du temple. Mais non. Le test était formel : il était immunisé contre la Corruption et devrait donc étudier pour devenir Huva... Et en chier d'abord avec tous les futur miliciens.

Jamais Aedhan ne suit que c'était à la demande d'Horace, mais il découvrit avec un mélange d'horreur et d'excitation que ce dernier était devenu précepteur. Horace se chargea donc de l’entrainement du jeune garçon et de ses pair pendant trois ans avant que... Aedhan se fasse la malle.

Ne supportant plus l'étouffement d'une vie qu'il voyait tracé jusqu'à la tombe, le gamin avait réussit une nuit a faire le mur. Débrouillard, il avait réussi à quitté la ville et erra dans la campagne durant de longues heures - largement assez pour se dire que sa fuite était une mauvaise idée - avant de tomber sur un grand domaine surveillé. Il ne le savait pas mais il entra ce jour et de façon complètement illégale sur le domaine des Sang-Blancs. Alors qu'il allait se faire récupérer par les gardes chargés de sécuriser l'endroit, une vieille femme les empêcha de le brutaliser. Une très vieille femme toute menue et toute pâle prénommé Ophélie du Tonet dont la douceur marqua profondément Aedhan. Ils parlèrent un long moment et la sérénité de cette femme qui avait passé toute sa vie dans les murs de ce domaine lui fit du bien. Il eut l'impression d'être enfin compris... Mais dans son coeur naquit aussi le désir brulant de voir l'extérieur. De Vivre, avant de mourir.

Il se fit la promesse qu'une fois Huva, il goûterait à tout ! Et il enverrait de belles choses et de beaux souvenirs à Ophélie avec qui il continua à échanger de nombreuses lettres. Il ne l'a jamais revu en personne depuis, mais ils ne cessèrent jamais de s'écrire et il prend des nouvelles d'elle comme si elle était sa grand-mère de sang.

La suite fut bien plus simple. Le jeune garçon rentra dans le rang et se mis au travail. Il découvrit dans l'art des rituels une véritable façon de s'exprimer et il y excellait. Il changea parfois de tuteur mais passa une grande majorité de son temps sous la tutelle d'Hélène, une Huva, et de son Huvar Alexandra. La où certains se spécialisaient, il avait fait le choix de rester versatile, mettant un point d'honneur à comprendre chaque aspect de la nature, chaque base, chaque savoir nécessaire aux rituels. Loin d'être le plus rapide dans l'exécution, il était en revanche un ritualiste stable et assuré capable de moduler son savoir et de s'adapter aux spécificités d'un problème avec une grande subtilité.

En revanche, les inoculations le mettaient à genou. De tous les apprentis qu'il connaissait il était celui qui avait le plus de mal à supporter le sang Huvar. Pendant un moment, on discuta même de lui faire arrêter le programme, mais il s'entêtait et son tuteur principal, Hélène, donna son feu vert pour qu'il continue.

Il avait quinze ans quand il rencontra Kassia pour la première fois et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'était pas l'amour fou. Grande gueule et orgueilleuse, brutale mais au combien charismatique, elle était à peu près tout ce que les Huvar représentaient dans l'opinion populaire. Il s'en teint aussi éloigné que possible et continua à perfectionner son art et son style de combat.

Il fallut encore attendre quelques années et voir plusieurs camarade renoncer à trouver un Huvar, pour que cette dernière vienne lui faire une proposition qu'il ne pouvait pas refuser. Elle voulait enfin être libérer de son apprentissage. Elle savait pouvoir faire de grandes choses et elle estimait son travail. Elle lui proposa sans tergiversé de se lier à elle.

Une énormité.

Partager son âme, sa vie, confier son existence à une fille comme ça ? C'était un non sens... Mais en même temps, quand il voyait les autres Huvars, il ne se retrouvait dans aucun d'eux. Et encore pire, en se tournant vers les autres Huvas, il savait que plusieurs d'entre eux n'auraient jamais la chance d'avoir une telle proposition. Il connaissait très peu la jeune femme mais aspirait lui aussi à plus de liberté, à pouvoir enfin échapper aux regards de la communauté. Enfin Vivre.

Il accepta.

Comme les inoculations avaient été très difficiles à supporter pendant toute son adolescence, beaucoup craignaient qu'il meurt durant la cérémonie du Lien. L'épreuve fut particulièrement critique. Son cœur cessa de battre pendant plusieurs minutes avant de repartir et il resta alité près d'un mois pour se remettre. Aujourd'hui, après près de six mois de rodage, il a enfin reçu l'autorisation de partir sur des missions en solo avec sa moitié.