Desmond de Louvière

Le plat de l’épée d’entrainement glissa rapidement sur la droite avant d’atteindre sa joue. Le coup n’avait pour but de blesser, quand bien il aurait été dévastateur avec une vraie arme. Desmond recula d’un bon puis posa sa main sur sa joue légèrement douloureuse.

- Pourquoi dois-je m’entraîner quand Sigismund et Eddard apprennent à courtiser les plus belles filles de la cour ?

Stéapa fit quelques pas en avant et reposa son arme sur le râtelier. Il était normal que le jeune garçon se pose ce genre de question. Desmond n’était pas aussi idiot que pouvaient le croire ses frères, il comprenait notamment la différence que faisaient ses parents entre eux et lui. Cependant, Desmond ne savait pas que l’entraînement dont il faisait l’objet était plus rigoureux que celui dispensé à ses frères, c’était d’ailleurs un ordre du Duc en personne.

- Vous n’êtes tout simplement pas comme eux, ce n’est pas une question d’âge ni de couleur de cheveux en ce qui vous concerne.

- Mes cheveux… Oui je me demande bien de qui je tiens cela.

- À votre grand-père Alistair, un homme à la fibre plus guerrière que police de surcroit.

- Tu as connu mon grand-père Stéapa ?

- Par la Corruption non, je ne suis quand même aussi vieux !

- Sait-on jamais…

- Je vous conseille d’effacer ce sourire, sauf si vous escomptez que je l’efface moi-même ?

- Pourquoi pas ?

Répondit Desmond tout en se mettant en position de combat.


Desmond venait tout juste de rentrer au palais ducal lorsqu’il fut informé que son père souhaitait s’entretenir avec lui. Le troisième fils Louvière n’était pas du genre à craindre les remontrances, pas plus qu’il n’était du genre à patienter inutilement son géniteur. Il pénétra dans le bureau du Duc sans s’y annoncer au préalable, le genre de comportement que son père réprimait d’un froncement de sourcil.

- Vous souhaitiez me voir ?

L’homme d’un certain âge releva la tête de ses missives, puis il écarta les différents documents.

- J’ai eu vent d’un certain désaccord entre toi et Sigismund, à tel point qu’il en aurait reçu un coup au visage et qu’Eddard soit obligé d’intervenir pour vous séparer. J’aimerais savoir pourquoi mes fils se battent comme des chiffonniers ?

- Disons simplement que votre premier fils, le meilleur des trois à n’en pointe douter, éprouve quelques difficultés lorsqu’une femme refuse ses avances et qu’elle refuse d’être touchée. Je me suis contenté de lui rappeler les règles de courtoisie, celles que lui et Eddard on apprit pendant que je prenais des coups sur la tête. Je n’ose image la tête de mère si elle apprenait que son fils si fantastique soit aussi immonde avec la gent féminine.

- Laisse donc ta mère en dehors de tes histoires Desmond. Sigismund est un idiot prétentieux qui pense que son rang l’autorise de tout, mais je vais tâcher de lui comprendre qu’il n’est pas encore à ma place. Je te remercie d’être intervenu, mais ce n’est pas à un amateur de putain de donner des leçons.

- Vous oubliez que je les paie et que je ne fais jamais rien contre leur volonté, Sigismund et moi n’avons pas les mêmes notions concernant le respect. Peut-être Stéapa aurait-il dû lui apprendre deux ou trois choses ?

- Tu n’es pas comme Sigismund tout comme tu n’es pas comme Eddard. Desmond mon fils, tu tiens plus de mon père que tu ne le crois. Je vais te parler franchement, tu sais au plus profond de ton être que tu aimes être considéré comme le guerrier, celui qui combat et défait les ennemis du Duché. Tes frères savent se battre, mais jamais ils ne seront aussi fort que toi, leur destin n’est pas de s’illustrer par les armes. Souhaites-tu vraiment retirer cette épée de ta ceinture, revêtir quelque chose de plus distingué et participer à un dîner mondain ? Veux-tu vraiment t’asseoir à une table en souriant bêtement à de jeunes femmes qui ne verront en toi qu’un titre et une bonne naissance ? Veux-tu écouter les soucis de ta voisine de table tout en faisant mine d’écouter et d’être intéressé par ses paroles ? Bien sûr que non. Tu es à l’image de ton grand-père Alistair, tu es combatif et loyal même si je dois avouer que tu parles mieux et que tu es moins bourru qu’il ne l’était de son vivant. Ton frère sera un jour à la tête de Duché, mais c’est à toi Desmond que je confie la sécurité de nos terres. Sigismund représentera le Duché, mais toi, tu seras l’épée qui le défendra.