Louvine est une jeune fille manifestement bénie par les nymphes. Bien que très petite (1m52), elle possède une silhouette aux dimensions harmonieuses, avec des courbes agréables bien que peu marquées, et un visage aux traits encore légèrement enfantins.
Ce qui se remarque le plus est probablement sa magnifique chevelure rousse légèrement bouclée, et ses yeux d’un bleu intense, qu’elle sait pertinemment être les points forts de son physique. Elle ne saurait se maquiller, et bien que sa peau soit aussi pâle que le lait et fort lisse, elle n’a pu empêcher l’apparition de taches de rousseur sur son nez et sur ses joues.
Toujours habillée avec élégance, elle a coutume de porter des robes coûteuses et à la mode, et de se parer de bijoux précieux offerts par ses parents et son cousin, probablement un brin au-dessus de sa condition. Le port naturellement droit, elle possède cependant une démarche légèrement claudicante et désormais malaisée, qui lui interdit la danse et des activités physiques prolongées.
Enfin, c’est une jeune fille qui n’est guère encore dans le contrôle d’elle-même, et toutes ses émotions se lisent facilemenet sur son visage. Elle soupire beaucoup quand elle a peur – en particulier lorsqu’elle se trouve seule – tapote ses doigts entre eux lorsqu’elle est impatiente : en bref, elle manifeste facilement ses émotions de manière physique.
Agée de dix-huit ans, Louvine est une jeune femme au caractère gai, futile et écervelé au premier abord. Il est vrai que ses yeux reflètent sa profonde innocence et qu’elle se trouve très ignorante de la dureté du monde, aussi a-t-elle de bonnes intentions, mais peut se montrer maladroite, car elle peine à comprendre des réalités plus complexes et précaires que la sienne. Peu habituée à contrefaire ses émotions, elle a une grande difficulté à mentir et laisse toutes ses émotions se lire sur son visage.
Habituée au luxe et à ce que chacun l’écoute et accomplisse ses quatre volontés, Louvine est une enfant gâtée qui n’a jamais eu beaucoup d’efforts à faire pour obtenir ce qu’elle souhaitait. Néanmoins, elle a conscience de devoir faire honneur à son nom – en tout cas de ne pas le déshonorer – et croit aux vertus morales de la droiture, de la sincérité et de la charité.
C’est néanmoins une femme dont l’éducation a été très soignée, et qui se trouve être particulièrement efficace et savante en calcul, en gestion en musique et à cheval. Elle pratique la harpe, la flûte et le luth avec passion, mais s’intéresse désormais, sous l’heureuse impulsion d’Edwin, de plus près aux affaires familiales.
Mais Louvine n’est pas qu’une enfant puérile. Elle a de très fortes angoisses que tous ses serviteurs connaissent : rendue anxieuse par la mort de son cousin dans son enfance, elle refuse désormais de chasser et ne s’aventure en forêt que contrainte et forcée. Effrayée par la solitude, elle dort avec une domestique dans sa chambre pour ne pas se retrouver seule, au point que cela frise la phobie. Nul doute que ses futures grossesses soient teintées de l’angoisse de ne pas enfanter…
Enfin, elle est plutôt influençable, surtout par la gent masculine. D’ailleurs, Edwin n’a pas hésité à profiter de ce terrible défaut, car Louvine ne peut se passer de son avis sur tous les sujets. En contrepartie, elle est fort généreuse envers tous ceux qu’elle estime, et prend grand soin de ses domestiques.
Née dans un charmant manoir au bord de la Novarra, dans la jolie petite ville forte de Haurue, le fief du baron Médart de Haurue, Louvine fut accueillie avec un soulagement certain, car après plus de huit ans de mariage et un nombre conséquent de fausse-couche et de nourrissons morts-nés, Dame Bertrude et son époux, Roland, désespéraient d'avoir des héritiers un jour.
Aussi, son arrivée fut-elle vécue comme un intense soulagement. Bien qu'elle soit une fille, le chevalier de Haurue et son épouse la virent comme une réponse à leurs prières les plus ferventes ; aussi fut-elle considérablement choyée, depuis sa plus tendre enfance. Deux nourrices furent assignées à ses besoins, afin d'aider la jeune mère à veiller jour et nuit sur l'enfançon.
Rien n'était trop beau pour la jeune Louvine. Petite fille, elle passait son temps à jouer au château de son oncle avec ses cousines, et reçut rapidement, pour sa Cérémonie du Mélange, un poney calme, avec lequel elle apprit à monter. Plus jeune que les enfants du suzerain des lieux, elle s'entendit plus particulièrement avec le fils cadet de ce dernier, Armand. Vif, malin et enjoué, et âgé de treize ans déjà, il devint rapidement un modèle à ses yeux innocents, mais aussi son tout premier amour.
Oh, comme elle aimait sa compagnie ! Avec la bénédiction du baron qui voyait là un heureux rapprochement entre parents - la fillette étant assez jeune pour que cela ne fut pas indécent - il l’entraînait en ville et dans la forêt avoisinante. Protégés par un garde qui les suivait de loin, Louvine, flanquée de son compagnon, découvrit les alentours et la nature avec ravissement ; mais un jour, alors qu'elle venait d'avoir sept ans, ils croisèrent la route d'un énorme sanglier aux abords d’une clairière. Dérangé dans sa sieste avec ses marcassins, il s'énerva soudainement, chargeant le jeune homme qui n'eut guère que le temps de hurler à l'enfant de s'enfuir.
Il fut embroché sous ses yeux emplis d'effroi.
Laissée à elle-même, elle courut aux premières maisons pour chercher de l'aide, mais il était trop tard : Armand mourut le lendemain après une nuit d'agonie dont les serviteurs lui turent l'atrocité.
Bien qu'elle ne pouvait être reconnue comme coupable par le baron en raison de son extrême jeunesse et de son ignorance, il fut décidé néanmoins qu'il était bien temps de commencer son éducation et de cesser les vagabondages malséants. Elle se retrouva ainsi cloîtrée dans son manoir sous bonne garde, bien que l'enfant sembla à peine le remarquer. Totalement inconsolable, incapable de jouer et de manger normalement, des cauchemars l'assaillaient la nuit, tandis qu'on disait le baron assommé, son épouse en proie aux crises de nerfs ; et Albéric, son père, décida de réagir. On lui trouva donc deux précepteurs, dont un maitre à danser, afin de lui changer les idées et de l'aider à oublier le passé.
Elle se passionna bientôt pour la musique, qui l’occupait des heures durant, et devint rapidement très bonne en calcul, bien que ses compétences en danse et en broderie laissait toujours à désirer.
Deux annonces de grossesse successives faillit redonner espoir à ses parents de concevoir un héritier mâle, mais les deux fausses couches à des stades avancés, à nouveau, confirmèrent ce qu’ils savaient déjà : Louvine serait sans équivoque leur seule et unique enfant. Il faudrait faire avec ; de fait, l’éducation de la jeune fille fut plus soignée encore.
Désormais bien accompagnée lorsqu'elle s'aventurait au-dehors par un domestique du nom d'Edwin et de sa nourrice, elle visita sans dissimuler sa curiosité les chantiers des bateaux de pêche dont son père était propriétaire. La jeune fille pouvait rêver durant des heures à ces vies qui s'éloignaient au fil de l'eau, à l'existence que l'on pouvait mener ailleurs, dans ces cités qu'elle n'avait jamais visité. Edwin ne manquait jamais alors de lui conter des histoires de princes, de ducs, mais aussi de paysans et de marins. Ce fut lui qui, seul, lui parla de la Corruption et de ses ravages, sous les gros yeux d'une femme de chambre épouvantée, mais qui se garda bien de le dénoncer tant la jeune maitresse aimait sa compagnie. Et que pouvait-on lui refuser ?
Louvine crût en beauté au fur et à mesure des années. Sa silhouette devint plus pleine, remplissant à son avantage les robes luxueuses qu'elle avait en abondance dans ses coffres, son visage plus mature, son sourire, plus doux et lumineux encore - tant et si bien que son père en était fier comme un paon.
Avec ses cousines, elle prit rapidement l'habitude d'aller faire l'aumône, de se promener en ville en évitant soigneusement la forêt, toujours remplie des fantômes du passé ; mais les mariages successifs de ces dernières la condamna à plus de solitude. A tout juste seize ans, elle désespérait désormais de trouver de la compagnie, et insista auprès de son père afin qu'il nomme Edwin comme son serviteur personnel. Elle n'avait cure que cela ne soit pas convenable - elle qui ignorait presque tout du monde ne pouvait concevoir qu'autrui puisse se permettre des gestes déplacés à son encontre ! Et bien que son père se trouvât moins naïf qu'elle, il accéda tout de même à sa requête. Après tout, Edwin avait une excellente réputation et s'était toujours très bien comporté. De toute façon, comment refuser quoi que ce soit à son unique enfant, sa petite perle des mers ?
Roland de Haurue ne fut pas mécontent d'avoir pris cette décision. Quelques mois à peine après, son frère ainé mourait d'une crise cardiaque soudaine et son neveu héritait du titre de baron, ce qui perturba encore sa fille au coeur tendre. Il l'encouragea à se plonger dans la gestion de son affaire de bateaux de pêche pour se distraire de son chagrin, et ne manqua pas de pousser des hauts cris lorsqu'il apprit qu'elle s'était cassée la jambe en tombant de cheval. Toute affaire cessante, le couple se précipita au chevet de leur héritière, laquelle se trouvait profondément choquée de son aventure et de son passage entre les mains du médecin.
Elle pleura surtout en apprenant qu'elle remarcherait plus jamais normalement, et qu'elle garderait une claudication à vie. Trouverait-elle un mari acceptable désormais qu'elle présentait une "infirmité" ? Son père tenta de la rassurer, mais devait convenir qu'il était plus urgent désormais qu'elle trouve époux.
Il le fallait avant que sa beauté ne se fane, et il avait besoin d'un gendre pour hériter de ses biens. Bientôt, tout le monde saurait qu'une jeune fille issue de la meilleure famille était libre de convoler devant Huvara...