NOM : Rieux (de).
PRENOM : Adénaïs.
SURNOM : Déna.
SEXE : Féminin.
AGE : 19 ans.
RANG SOCIAL : Fille de bonne famille.
LIEU DE VIE : Duché de Cleyf.
Je n'ai jamais prétendu être belle. Fagotée comme un vieil épouvantail, j'ai plutôt l'air négligé. Pourtant, il n'en est rien. Nous manquons d'argent, cruellement. Tous les fonds qui auraient dû servir à notre prestige ont disparu. Mal investie, mal gérée ou tout simplement dilapidée, notre fortune se résume à peu de chose. Pour ce qui me concerne, elle tient en quelques robes et cailloux pas même précieux. Une paire de souliers que j'ai bien trop usés déjà et un pendentif hérité d'une vieille tante disparue depuis longtemps.
Voyez donc comme je n'ai rien de remarquable. Je suis banale. Volontairement effacée à côté des beautés resplendissantes qui font le prestige d'une lignée. Contrairement à la plupart de ces icônes, mes cheveux sont lisses et sombres. Noirs comme la nuit et trop longs pour être toujours soigneusement coiffés. Il faut dire que je n'ai pas de femme de chambre. Je prends soin de moi toute seule, comme une grande, ou plutôt comme une pauvresse.
Triste me direz vous ? Peut-être bien, mais quand on porte le même prénom que feu la mère de mon père, on n'a que le choix de la fierté. C'est tout du moins ce qui m'a été enseigné. Alors je m'efforce de l'être, fière. Droite comme un piquet que personne n'oserait défier et l'air aussi volontaire qu'un taureau en passe de charger. J'y arrive quelques fois. Quand je suis en colère ou vexée, mais le fait demeure que je tiens davantage du louveteau échappé de sa tanière.
Hélas donc, je suis assez peu crédible dans le rôle d'une femme de poigne. J'ai même tendance à paraître simplement inoffensive. Timide et sans intérêt, alors que mon corps trop fin n'a pas daigné s'épanouir en forme généreuses pour aguicher les regards.
Le fait est que je suis maigre. Mal nourrie et pâle comme peut l'être la lune. L'avantage est que cela fait ressortir «
le rose chair » de mes lèvres. Je n'ai jamais compris ce que cela voulait dire, mais je suppose que mon père aime à se montrer galant. Dans tous les cas, il ne peut prétendre à être objectif.
De mon point de vue donc, je dirais que ma bouche est d'une couleur tout à fait classique. Ce qui la fait ressortir dans mon visage, se sont mes joues trop creuses. Rien à voir avec un fichu «
rose chair » ou un prétendu «
dessin savoureux. » J'ai des lèvres pulpeuses parce que je n'ai pas de joues pour les encadrer. C'est tout et ce n'est pas de ma faute.
D'ailleurs, si on va par là, j'ose également dire que mon nez est trop fin et que mes pommettes sont trop accrêtées. Elles ont l'air de deux montagnes pointues qui veulent absolument attirer l'attention sur mes oreilles. Je déteste mes oreilles. Elles sont minuscules. Parfaites me direz vous, mais non. Croyez moi. Mes oreilles sont vraiment très petites. Un peu comme mes mains d'ailleurs et tout comme mes pieds. Pourtant je suis grande. Enfin... Je suis grande pour une femme. Je n'ai jamais eu besoin de personne pour attraper le pot de miel caché au-dessus de l'armoire des cuisines. Au pire, je prenais un tabouret.
Oui, j'entends et il est vrai que cela vous donne déjà un aperçu de ce que je possède comme tempérament. Fier -
mais je vous l'ai déjà dit - et indépendant. C'est sûrement pour cela que j'apparais souvent esseulée. Perdue au milieu d'une foule de gens qui ont tôt fait de m'ignorer. D'ailleurs, qui oserait se soucier d'un pauvre oisillon malingre ?
Oh, ne pensez pas que cela m'ennuie. Au contraire, j'apprécie mon anonymat et je suis ravie de voir d'autres femmes attirer l'attention sur elles. Cela me laisse le temps d'observer et de voir tout ce que les gens s'efforcent de cacher ; le cinquième verre de vin tenu dans la main d'un courtisan, les doigts d'amants secrets qui se frôlent sous le nez d'un époux aveugle, la tâche de sang mal nettoyée sur la manche d'un chemisier ou l'encre fraîche qui teinte l'ongle d'un dirigeant.
Mes yeux bleus n'ont aucun mal à saisir toutes ces choses et mon regard aussi curieux qu'avide, s'emploie à ne jamais rien rater de ces pages de vie que je tourne d'un battement de cils. Cela me fascine. Imaginer toute l'existence des gens que je croise alors que moi, je ne suis personne. Personne d'important, personne d'essentiel. Au mieux, une jeune fille naïve et innocente. Quelqu'un que vous n'aurez aucun mal à oublier, alors que je peux me blottir derrière l'insignifiance d'un nom sans envergure.
Qui a dit que j'avais mauvais caractère ? Il ne faut pas croire tout ce que les gens racontent. Je ne suis pas méchante simplement parce que je vous ignore. Et ce n'est pas même vrai que je vous ignore. C'est juste que, je n'ai pas l'habitude qu'on m'adresse la parole. Je vous l'ai dit, je passe souvent inaperçue. J'ai alors pris le pli de demeurer silencieuse. Cela fait de moi une personne effacée, j'en conviens. Pourtant je me sais riche de nombreux enseignements.
J'ai été bien élevée. J'ai de bonnes manières, d'honorables connaissances et je sais me tenir à table. Vous n'arriverez pas à me confondre avec un animal de compagnie, quand bien même certains s'osent à dire que j'en ai l'allure. Sans doute me faudrait il quitter l'ombre de mon père pour les faire taire, mais je ne trouve aucun intérêt particulier à attirer l'attention.
J'aime mon insignifiance. Le calme que m'octroie mon pauvre statut et tout ce que cela implique de quiétude. Je ne suis pas dévorée par l'ambition. Je n'aspire pas à m'assoir sur une chaise plus ornementée que celle de mon voisin. Cela tient il de l'humilité ? Bien sûr que non. Je ne suis pas humble. Loin de là même. Je connais ma valeur et j'entends écrire mon avenir avec appétit. Simplement, je veux choisir le menu qui fera mon festin. Il sera à mon image, sans fioritures et salé.
J'aime le sel dans mes plats et dans ma vie. L'ennui m'est insupportable. D'ailleurs, je déteste relire deux fois le même livre. Ma mémoire est telle que mon esprit en devient exigeant. Insatiable dès lors qu'il s'agit d'apprendre de nouvelles choses.
Je suis curieuse, depuis toujours et je retiens tout. Demandez moi de vous réciter l'intégralité de mon arbre généalogique et j'en viendrai à vous assommer des noms de tous mes ancêtres. Rien d'intéressant ? Certainement pas, mais un talent suffisamment utile pour que mon père m'encourage à le cultiver.
Si à l'époque cela m'a permis d'occuper mes tristes et mornes journées, je me satisfais aujourd'hui de pouvoir replacer un nom dans son contexte. Vous ne me croyez pas ? Testez moi. J'aime être mise au défi et plus encore, j'aime gagner. Oh, rassurez vous. Je n'ai pas la victoire bruyante de ces fiers combattants qui s'égosillent dans une arène. Je prendrai seulement plaisir à vous surprendre. C'est qu'il me plaît d'être sous-estimée.
Pour autant et pour être parfaitement honnête, je souhaiterais qu'un jour ma valeur soit reconnue. Non pas pour m'élever plus haut dans la société, ni non plus pour imposer ma volonté à d'autres, mais simplement pour n'avoir plus à dépendre de quelqu'un. J'aimerais être libre, dépourvue d'attaches, mais appréciée. Un paradoxe qui me laisse bien insatisfaite.
Mon père a besoin de moi. Tout du moins le pense-t-il. Mon don -
c'est ainsi qu'il aime à appeler la marque qui fait ma particularité - est une bénédiction pour notre famille. Sans doute s'imagine-t-il que cette étrange attention nous permettra de redorer notre blason, mais je ne suis pas certaine que cela suffise à améliorer notre quotidien.
Les Rieux sont sans le sou. Plus pauvres encore que leurs gens et ce n'est pas peu dire. Nos terres sont parmi les moins fertiles du Duché. Quant à notre demeure, elle se résume à deux tours dressées de part et d'autre d'une ferme. Nous sommes des paysans affublés d'un beau nom. Des bouseux vaguement endimanchés qui ont la prétention de s'assoir à la table des grands.
Vous me trouvez cynique ? J'ai tendance à me croire réaliste, mais la vérité est que je ne suis pas à l'aise avec cette idée. Je déteste être pauvre et devoir courber l'échine devant des gens qui me méprisent. Mon devoir m'oblige néanmoins à obéir aux décisions de mon père, même lorsqu'il m'envoie loin de chez moi, pour aller vivre à Cleyf dans la maison trop luxueuse d'une vieille fille acariâtre.
Elle est apparue sans véritable raison et alors même que je ne me sens pas plus croyante qu'une autre. Une marque, imprimée dans ma chair, à l'intérieur de ma cuisse gauche. Elle s'est lovée là sans bruit. Sournoisement et de manière complètement indolore alors que je me débattais sous la pluie pour que nos bêtes rejoignent l'étable. J'aurais pu ne pas la remarquer, ignorer son existence et ne jamais me rendre compte de son apparition. Malheureusement, elle s'assortissait de bien trop d'inconvénients pour que je puisse ne pas m'en soucier.
Vous me trouvez ingrate ? Et peut-être même irrespectueuse ? C'est possiblement le cas, mais je n'ai pas demandé à me voir distinguée par le Grand Loup. Bien sûr, je suis croyante. Qui oserait ne pas l'être ? Dans le coin perdu d'où je viens, tout le monde croit en Huvara. La foi nourrit nos âmes à défaut de remplir nos estomacs. C'est finalement assez drôle quand on y réfléchit. J'ai toujours eu l'impression d'avoir le ventre vide et à présent il me semble également que ma gorge est parfaitement sèche. Toujours et quand bien même je m'échine à boire des litres d'eau, j'ai ce sentiment de demeurer assoiffée.
Ma voix en est venue à changer. Non pas qu'elle fusse plus jolie avant, mais... Elle est aujourd'hui plus rauque. Eraillée et quelque peu grinçante quand j'en viens à m'agacer. Mon frère dirait que cela sied mieux à mon caractère. Il a raison, mais je ne l'avouerai jamais. C'est que nous sommes ainsi faits, lui et moi. Comme deux teignes qui s'aiment, mais ne savent pas se le dire. Je suis l'aînée. Celle à qui il doit normalement le respect. Pourtant Zénon aime à me taquiner. Je le lui rends bien cela dit et depuis toujours.
La vérité n'en reste pas moins que nous sommes proches, quand bien même cinq années nous séparent. La disparition de notre mère, alors qu'il n'avait pas trois ans, y a sans aucun doute contribué. Zénon a manqué d'une figure maternelle d'autant plus que père ne s'est jamais remarié. Il affirme que son amour indéfectible envers sa première femme l'empêche de prendre une autre épouse. Je crois plutôt qu'il n'a pas les moyens d'intéresser une vraie dame. Personne de sensé n'a envie de venir se terrer dans notre marécage.
C'est pourtant ici que nous avons grandi, mon frère et moi. Sous la houlette de notre père et en compagnie des rares domestiques qui ont admis de rester malgré notre banqueroute. Cela dit, il ne me semble pas que nous ayons été riches un jour. D'aussi loin que je me souvienne, nous n'avons jamais roulé sur l'or. Nos terres sont peu fertiles et situées à la presque frontière entre Brevery et Asjir. A quelques lieux à peine de ces territoires sauvages fraîchement colonisés.
Notre baronnie est petite, étriquée et complètement coincée entre la forêt et le fleuve. C'est un lieu enchanteur pour qui aime s'ennuyer. L'endroit est plutôt reculé et rude. Il n'y a que peu d'activité ici. Nous vivons au rythme des saisons et donc des fêtes paysannes. Ma préférée ? Celle où on mange des panais grillés au miel. C'est à l'automne, un petit mois avant mon anniversaire.
Je suis née par temps de pluie. Amusant, non ? Un peu avant la nuit et alors que mon père s'en était allé renforcer les digues du fleuve en crue. Je n'ai évidemment aucun souvenir de ce grand moment. Pourtant, depuis peu, lorsque je me concentre, il me semble pouvoir apercevoir le visage de ma mère penché au-dessus de moi au moment où elle me tenait dans ses bras pour la première fois. C'est une sensation étrange. Elle ne dure jamais, mais se reproduit de plus en plus souvent, surtout lorsqu'il pleut ou que je me tiens à proximité d'une source d'eau.
Les sons familiers sans doute éveillent mon imagination. A moins qu'il ne s'agisse d'autre chose ? J'ai remarqué me sentir plus apaisée par temps humide. Lorsque je marche le long du fleuve ou que je trempe mes pieds dans son lit. Ma gorge, en revanche, n'a de cesse de me brûler. Sèche comme le désert qu'aucun liquide ne parvient à hydrater. Parfois j'en viens presque à vouloir me noyer.
C'est d'ailleurs ce sentiment qui est à l'origine de l'incident. C'est lui qui a amené père à consulter les prêtres, puis à m'envoyer à Cleyf. Il devrait me rejoindre, persuadé qu'il est à présent que notre famille a été bénie par Huvara. Je n'en suis pas aussi sûre, mais le Baron de Rieux a tendance à voir un signe du Destin en toutes choses. Ce n'est pas pour rien que je ne lui avais pas parlé de la marque apparue sur mon corps.
Fallait il donc que ce soit la vieille Bertille qui me trouve dans mon bain. Elle a hurlé si fort que toute la maisonnée en a été alertée. Il me semble même encore l'entendre : "Aaaaah ! La fille de notre bon maître est morte ! Aaaaah ! Notre petite Déna ! Aaaaah ! Elle s'est noyée dans son bain ! Aaaaah !"
Par le Grand Loup ! Quelle guigne !
Il m'était déjà désagréable de me retrouver nue devant mon père et mon frère, mais il a en plus fallu que cette gourde rameute jusqu'au garçon d'écurie. Je ne me suis jamais sentie plus mal à l'aise que ce jour là et tous ces idiots qui m'observaient comme si je tenais de la revenante... A croire qu'aucun d'entre eux n'avait jamais piqué un somme dans son bain.
Toujours est-il qu'à partir de là, ma vie à Rieux a changé. Les gens qui travaillaient pour nous m'évitaient. Ils chuchotaient dans mon dos ou invoquaient Huvara pour se protéger de moi. J'ai été consignée dans ma chambre jusqu'à l'arrivée du prêtre qui devait m'examiner.
Lui aussi m'a vue nue. C'était a priori essentiel pour qu'il puisse contempler la marque sur ma cuisse. Il l'a observée très longuement et sous tous ses angles. Depuis la gauche, depuis la droite... Son verdict a été sans appel : Huvara avait de très grands projets pour moi. Un "moi" qui est finalement devenu un "nous" quand mon père a estimé que cette distinction devait servir aux intérêts de la famille.
Quelques lettres plus tard, je me trouvai alors jetée dans une cariole en partance pour Cleyf. Une grande dame m'attendait là-bas pour, d'après mon père, me prendre sous son aile et me former. J'avais effectivement manqué d'éducation. J'étais peut-être cultivée et suffisamment débrouillarde pour nouer un hameçon au bout d'une ligne, mais je ne savais pas broder et encore moins minauder.
Pour autant et maintenant que je me trouve comme une prisonnière au coeur de Cleyf, j'en viens à regretter cette époque où mes mains s'abîmaient au contact de la lessive. Vous me voyez à la cour, vous ? Installée à côté de tous ces aristocrates qui embaument l'air de leur parfum ? Je ne pourrais avoir l'air que d'un corbeau au milieu d'une assemblée de perroquets.
Très introvertie, Déna s'imagine tout à fait insignifiante. C'est par dépit qu'elle affirme aimer sa tranquillité, persuadée qu'elle est de n'être pas digne d'intérêt. Elle n'en reste pas moins désireuse de s'affirmer.
Son intelligence l'oblige cependant à poser un oeil critique sur sa situation ; elle est la fille d'un baron sans le sou qui n'a décidément pas les moyens de ses ambitions.
Cynique, elle a un fort penchant pour l'ironie. Elle pourrait se révéler redoutable en société, mais n'a finalement pas assez mauvais fond pour se prêter à l'exercice.
En fait d'incident, lorsqu'elle fait référence à l'épisode du bain, elle a tendance à occulter certains détails dont le fait qu'elle était totalement immergée dans l'eau lorsqu'elle s'est endormie.
Orpheline de mère, elle a manqué d'un exemple féminin à suivre. Tout ce qu'elle sait des convenances et des attitudes à tenir dans la belle société lui vient des romans qu'elle a pu lire plus jeune. Elle ne s'estime pas comme une Dame, quand bien même elle voudrait en devenir une. Mais cela, elle ne l'avouera jamais.
Elle est plutôt fière. Elle a appris à se débrouiller toute seule pour tout un tas de choses, notamment pour soutenir son père quand sa mère est décédée. Elle déteste les gens qui se plaignent et n'aime pas devoir compter sur les autres.
Elle a des attitudes de sauvageonne. Elle pêche, braconne, se défend à coups de pieds et de jets de pierre. Elle monte à cru et relève ses jupes pour marcher dans la boue.
Sa couleur préférée est le bleu, mais elle déteste le rose. Quant à son point faible ? Il se résume en un seul mot : miel.
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